Après voir vu le contexte et les raisons de la bataille des coalisés contre Médine, voyons la situation sur le champ de bataille avec les différentes forces en présence. Examinons les différentes stratégies particulièrement celles des musulmans face à cette sérieuse menace.
Les coalisés
Au début de l’année 627, les Banou Nadir rencontrent les Quraysh de La Mecque. Huyayy ibn Akhtab, ainsi que d’autres chefs de Khaybar, se rendirent à La Mecque pour prêter serment d’allégeance à Safwam ibn Umayya.
Les Quraysh de La Mecque, dirigés par Abou Soufyan, réunissent 4 000 fantassins. Puis il y avait aussi 300 cavaliers et 1 000 à 1 500 hommes à dos de dromadaire.
Les Banou Nadir ont commencé à soulever les nomades de Najd. Les Nadir enrôlèrent les Banou Ghatafan en leur versant la moitié de leur récolte. Ce contingent, le deuxième plus important, ajouta une force d’environ 2 000 hommes et 300 cavaliers dirigés par Unaina bin Hasan Fazari. Les Bani Assad, dirigés par Touleha Asadi, acceptent également de se joindre à eux. 700 hommes des Banou Sulaym, mais cette force aurait probablement été beaucoup plus importante si certains de ses chefs n’avaient pas été favorables à l’Islam. Les Bani Amir, qui avaient conclu un pacte avec Mohamed saws, refusèrent de se joindre à eux pour la bataille des coalisés .
Les autres tribus comprenaient les Banou Murra, avec 400 hommes dirigés par Hars ibn Auf Murri. En plus, Soufyan ibn Abd Shams dirigeait les Banou Shuja soit 700 hommes. Au total, la force des armées confédérées, bien que les spécialistes ne s’accordent pas sur ce point, est à environ 10 000 hommes et six cents cavaliers. L’armée, sous le commandement d’Abou Soufyan, marcha sur Médine.
Conformément au plan, les armées commencèrent à marcher vers Médine. Les Mecquois allèrent par le sud (le long du littoral) et les autres par l’est. Au même moment, des cavaliers des Banou Khuza’a partirent pour avertir Médine de l’invasion de l’armée.
Réaction défensive des musulmans lors de la bataille des coalisés
Les hommes de Banou Khuza’a atteignirent Mohamed saws en quatre jours, le prévenant de l’arrivée des armées confédérées dans une semaine. Mohamed saws réunit les Médinois pour discuter de la meilleure stratégie pour vaincre l’ennemi. Le mieux est de rencontrer l’ennemi à découvert (ce qui a conduit à la victoire de Badr). Et le mieux est de l’attendre à l’intérieur de la ville (une leçon tirée de la défaite d’Uhud). En fin de compte, les musulmans, en infériorité numérique, choisissent de s’engager dans une bataille défensive. Comment ? Ils décident de creuser de profondes tranchées pour faire office de barrière le long du front nord. Salman Al Farasi a introduit la tactique de la tranchée défensive. Tous les musulmans capables de Médine, y compris le Prophète Mohamed saws, ont contribué à creuser l’énorme tranchée en six jours. Le creusement du fossé a eu lieu uniquement du côté nord. Car le reste de Médine possède autour des montagnes rocheuses. Elle a également des arbres impénétrables pour les grandes armées (en particulier la cavalerie).
Le creusement du fossé a coïncidé avec une quasi-famine à Médine. Les femmes et les enfants se réfugiaient vers le centre-ville. Les Médinois ont récolté toutes leurs cultures en avance. De sorte que les armées confédérées devaient compter sur leurs propres réserves alimentaires.
Mohamed établit son quartier général militaire sur la colline de Sala’. Et le déploiement de l’armée pu se faire. Cette position donnerait aux musulmans un avantage si l’ennemi traversait la tranchée.
L’armée musulmane qui défendrait la ville contre l’invasion se composait de 3 000 hommes. Elle pouvait ainsi faire face à cette bataille des coalisés. Elle se composait de tous les habitants de Médine âgés de plus de 14 ans, à l’exception des Banou Qurayza. Les Qurayza ont toutefois fourni aux musulmans quelques instruments pour creuser la tranchée.
Siège de Médine pendant cette bataille des coalisés
Le siège de Médine a commencé en janvier 627 et a duré 20 nuits. En ajoutant les six jours de construction des tranchées, l’opération entière a duré 27 jours. Cet événement a tenu dans un seul mois (5 Chawal-1 Dhou al-Qi’dah). Comme les sièges étaient peu communs dans la guerre arabe, les Confédérés qui arrivaient n’étaient pas préparés à faire face aux tranchées creusées par les musulmans. Les Confédérés tentèrent d’attaquer avec des cavaliers dans l’espoir de forcer un passage. Mais la position des Médinois empêchait tout passage. Les deux armées se rassemblèrent de part et d’autre de la tranchée. Elles passèrent deux ou trois semaines à échanger des insultes en prose et en vers. De plus elles tiraient des flèches à une distance confortable. Selon Rodinson, il y eut trois morts parmi les attaquants des coalisés et cinq parmi les défenseurs médinois.
D’autre part, la récolte avait été faite. Et les assiégeants eurent quelques difficultés à trouver de la nourriture pour leurs chevaux, qui ne leur furent d’aucune utilité dans l’opération militaire.
Duel entre 2 combattants
Les vétérans de Quraysh s’impatientèrent devant l’impasse. Un groupe de militants dirigé par ‘Amr ibn ‘Abd Wudd (dont on pensait qu’il était l’égal d’un millier d’hommes au combat) et Ikrimah ibn Abi Jahl tentèrent de percer la tranchée. Ils réussirent à la traverser, occupant une zone marécageuse près de la butte de Sala. ‘Amr défia les musulmans en duel. En réponse, Ali ibn Abi Talib qu’Allah l’agrée accepta le défi pour combattre avec l’accord de Mohamed saws.
Les deux combattants se sont perdus dans la poussière alors que le duel devenait intense. Finalement, les soldats ont entendu un ou plusieurs cris qui laissaient présager des coups décisifs. Mais on ne savait pas lequel des deux avait réussi. On entendit « Allahou Akbar » (Allah est le plus grand) qui confirma la victoire d’Ali. Les confédérés sont contraints de se retirer dans un état de panique et de confusion.
L’armée confédérée a fait plusieurs autres tentatives pour traverser la tranchée pendant la nuit mais a échoué à plusieurs reprises. Bien que les Confédérés auraient pu déployer leur infanterie sur toute la longueur de la tranchée, ils ne voulaient pas engager les Musulmans au corps à corps. Car les premiers considéraient les seconds comme supérieurs au combat au corps à corps. Comme l’armée musulmane était bien retranchée derrière le talus fait de terre qui avait été prise dans le fossé. Elle pouvait bombarder les attaquants avec des pierres et des flèches, toute attaque pouvait causer de grandes pertes.
Banou Qurayza
La coalition tenta plusieurs attaques simultanées, notamment en essayant de persuader les Banou Qurayza d’attaquer les Musulmans par le sud. Des coalisés, Huyayy ibn Akhtab, un Khaybarian, chef de la tribu exilée des Banou Nadir, revint à Médine pour demander leur soutien contre les Musulmans.
Jusqu’à présent, les Banou Qurayza avaient fait de leur mieux pour rester neutres, et ils hésitaient beaucoup à se joindre aux Confédérés puisqu’ils avaient auparavant conclu un pacte avec Mohamed saws. Lorsque Huyayy les a approchés, leur chef a refusé de l’autoriser à entrer.
Huyayy réussit finalement à entrer et à les persuader que les musulmans seraient sûrement submergés. La vue des vastes armées confédérées, déferlant sur le pays avec des soldats et des chevaux à perte de vue, fit basculer l’opinion des Qurayza en faveur de la ligue contre les musulmans.
La nouvelle de la prétendue renonciation de la Qurayzah au pacte avec Mohamed se répandit et Umar en informa le Prophète saws. Ces soupçons furent renforcés par le mouvement des troupes ennemies vers les bastions des Qurayza. Mohamed s’inquiéta de leur conduite et réalisa le grave danger potentiel que représentaient les Qurayza. En raison de son pacte avec les Qurayza, il n’avait pas pris la peine de faire des préparatifs défensifs le long de la frontière des musulmans avec la tribu. Les Qurayza possédaient également des armes : 1 500 épées, 2 000 lances, 300 armures et 500 boucliers pour la bataille des coalisés (ou la bataille du Fossé).
La rupture du pacte avec les Banou Qurayza
Mohamed envoya trois musulmans de premier plan pour lui apporter des détails sur les récents développements. Il leur conseilla de déclarer ouvertement leurs découvertes, s’ils trouvaient que les Banou Qurayza étaient loyaux, afin d’augmenter le moral des combattants musulmans. Il a toutefois mis en garde contre la diffusion de la nouvelle d’une éventuelle rupture du pacte de la part des Qurayza, afin d’éviter toute panique dans les rangs musulmans.
Les émissaires constatèrent que le pacte avait effectivement été rompu et tentèrent en vain de convaincre les Qurayza de revenir sur leur position en leur rappelant le sort des Banou Nadir et des Banou Qaynuqa. Enfin vous pouvez lire la dernière partie de la bataille de la Tranchée.
